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Critique
Soyons clairs : Pigalle n’avait pas besoin d’un hôtel de plus, encore moins côté SoPi (South of Pigalle, pour les nuls). Mais le Massé débarque – pile en face de Soif, la Cave – avec une idée assez simple pour qu’on y croit encore : faire du quatre étoiles sans trahir le quartier, ni ses habitants, ni ses nuits. À peine la porte de l'haussmannien pimpé par le studio Olivier Guyot franchie, on comprend l’intention : pas de desk froid où l’on décline son passeport, mais une grande table en bois, comme chez un copain qui a simplement de très bons contacts en design. En l'occurrence, deux copines : Juliette Gasparetto et Julie Parenti, ancienne de chez Festen, désormais à la tête du cabinet Gasparetto Parenti.
Le rez-de-chaussée joue les caméléons : café tranquille au petit matin, poste de télétravail improvisé, ou point de chute pour un apéro côté bar. Pendant ce temps, la rue Victor Massé défile derrière la baie vitrée. Derrière l’établissement de la rue Victor Massé (vous comprenez mieux ?), une fratrie, Corto Peyron et sa sœur Eole. Lui a été initié au métier auprès d’Adrien Gloaguen (groupe Touriste ; l’Hôtel Panache, l’Hôtel Bienvenue, le Beaurepaire, le Château d’Eau, Les Deux Gares…), elle est responsable de l’identité visuelle. Ils pointent vers leurs parents pour expliquer l’ADN du Massé : une mère pour qui la convivialité méditerranéenne était une seconde nature, et un père breton curieux des cultures du monde entier. De ce cocktail familial, ils ont bricolé leur propre recette de l’hospitalité : un hôtel qui sait ouvrir ses bras sans jouer les grands-mères envahissantes, cosmopolite dans l’esprit mais viscéralement de Pigalle dans l’âme.
Réparties du rez-de-chaussée jusqu’au sixième étage, les quarante chambres affichent une taille humaine ; entre 12 et 24 m². Certaines planquées sous les toits, d’autres avec vue sur le zinc. Y’en a qui se parlent à travers une porte, d’autres qui préfèrent leur petit balcon tranquille ou une baignoire plantée en plein milieu. Dans la nôtre, une des petites, rien de tape-à-l’œil : déco simple et chinée (côté 70's), et un carreau signé Héloïse Rival dans la salle de bain qui fait sourire. Literie impec', produits Typology, chocolats Plaq. Pas besoin de plus. De toute façon, le clou du spectacle se joue plus bas, au salon. Là trône une grande toile abstraite de l’artiste autrichien Christian Rosa — déjà familière à quiconque traîne un peu sur Instagram. Il l’a peinte sur place, en résidence, histoire d’ajouter un peu de vécu aux murs. Ne manque plus que le bar-restaurant, le « Trente Paris », attendu pour décembre, pour compléter le tableau. On a jeté un œil au chantier : pour l’instant, c’est surtout du béton. Mais le potentiel est bien là.
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